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Haïti en deuil

mardi 11 octobre 2016

Tant de pertes, après l’ouragan. 373 morts, 75 disparus, 339 blessés et plus de 175.000 personnes dans 224 abris, et 1.4000000 de personnes en besoin urgent d’aide humanitaire. La Grand-Anse, le Sud, l’Ouest, les Nippes, le Sud-est, l’Artibonite et le Nord-Ouest ont tous été frappés. Et les chiffres du Ministère de l’intérieur, des Collectivités Territoriales, du Système national de gestion des risques et désastres, et de la Direction de la Protection civile, sont encore loin de la réalité.

Le choléra, introduit en Haïti peu après le séisme, est toujours présent. La maladie commence à flamber. Et les maladies respiratoires, avec tous les survivants dans leurs habits mouillés. Ils toussent, ils ont mal à la poitrine. Pneumonie.

Les hélicoptères survolent les zones touchées. De l’eau, de l’eau et encore de l’eau. Qui monte jusqu’au milieu du corps. Où stocker la nourriture, si les magasins sont remplis d’eau ? Où s’abriter ? Ou atterrir ? Dans l’eau.

A manger ? A boire ? Des médicaments ? Les gens, perdus, révoltés, paniqués, se ruent sur les paquets.

Il faut dire qu’ils en ont vu passer des camions. Qui se sont fait braquer. Par des désespérés ? Par des opportunistes ?

Et les opportunistes, il y en a qui veulent venir. Faire une photo sur le terrain avec leur logo. Voilà.

D’autres veulent aider, vraiment. Mais ils n’y connaissent pas grand chose, en fait. Ils ont des idées, mais, sur le terrain, ça ne se passe pas comme dans la théorie, ou comme dans d’autres pays. Les Haïtiens et les travailleurs étrangers qui sont là depuis longtemps, eux, ils savent. Et ils ont appris de 2010. Ils savent qu’il faut coopérer. Ils savent comment aider. Ils peuvent guider.

Alors oui, le pays a besoin d’aide. D’eau potable, de nourriture, de médicaments, de kits de survie, des habits, de dons. Mais l’aide ne peut pas venir n’importe comment et de n’importe qui. La bonne coordination est essentielle pour ne pas reproduire les mêmes erreurs d’il y a 6 ans. Car il faut penser à demain, aussi, à reconstruire. Sinon, on n’aide pas. On maintient les gens dans un état de survie, et on ne les aide pas à vivre. Et 6 ans plus tard, on est toujours en train de se relever.

Jocelerme Privert, le président provisoire, en est conscient. Il veut donner le leadership à son pays.

Haïti est en deuil, mais n’a pas le temps de pleurer. Il y a des gens en vie à aider.

Camille Chatelain