M comme Matthew. Parce qu’on en est à la lettre M. Une lettre, un nom, pour un cyclone. Un joli nom. Mais quel ravage, ce cyclone ! Des heures après, des jours après, on découvre peu à peu l’étendue des dégâts.
Le cyclone arrive lundi soir. La pluie se déverse en torrents, l’eau monte et c’est les inondations. Glissements de terrain. Le vent, en rafales, ravage les habitations et les champs. Des arbres sont arrachés, des bouts de tôle volent, des murs tombent. Matthew nous regarde. Son œil frappe l’ouest du pays. Il s’abat au sud et détruit tout sur son passage. Plus de télécommunications. Un pont s’effondre a Petit-Goave. Isolement. C’est le désastre.
Les articles, les photos, les vidéos foisonnent sur les réseaux sociaux, internet, les radios, les journaux. Les informations se contredisent parfois. Qui a raison ? Quelle zone est touchée ? Force 4 ou 5 ? Avec une vitesse de 230 km/h ou 260 km/ ? 2, 5 ou 108 morts ? Plus ? 15’000 déplacés ? Certains veulent faire sensation, vendre l’actualité. Ou juste informer, rassurer les familles en attente de nouvelles de leurs proches ? Et le bilan est plus lourd encore, peut-être même plus lourd qu’en 2010.
Mais derrière ces articles, ces photos, ces vidéos, qui rappellent au reste du monde qu’Haïti est toujours là, il y a des vies humaines. Des gens, comme vous et moi, qui ont tout perdu. Et qui tentent de survire. La faute à qui ?
Certes, les maisons ne sont pas toutes solides. Les animaux n’ont peut-être pas tous été mis à l’abri. Mais où les mettre ? Comment les protéger ? Et les plantations ? Et les gens ? Les gens ne savent pas. Vous savez, vous, comment se protéger d’un cyclone ? Quand vous avez un vent de 260km/h qui vous arrive dessus, et que vous avez quelques jours, voire quelques heures selon quand l’information vient à vous, vous faites quoi ? Comment ? Avec qui ? Vous ne savez pas. Impuissance ? Fatalisme ? Résignation ?
Non. Formation, formation, formation. Il faut former les gens, les informer, leur donner les outils pour se protéger ou leur dire comment les fabriquer pour se protéger. L’Etat a un important rôle à jouer dans l’information et la coordination. Les citoyens et citoyennes aussi, en ayant les gestes qui sauvent, avant, pendant et après la catastrophe. Mais il faut s’en donner les moyens. Œuvrer ensemble. Avant !
L’aide internationale est précieuse. En cas d’urgence, de panique, il faut réagir, et vite. Un kit de survie ? De l’espoir ? On est sauvé, pour quelques jours. Et après ? Comment reconstruire, en consolidant, et non pas en refaisant les mêmes erreurs ? L’aide internationale peut être tellement judicieuse quand elle est coordonnée avec le gouvernement haïtien et la population, et aider Haïti à se relever, pour de bon.
En 2010, la solidarité du monde a ému le pays jusqu’aux larmes. Mais l’aide n’a pas toujours servi là où il aurait fallu, ni de la bonne manière. C’était il y a 6 ans. Nous avons appris depuis. Que collaborer est la clé, et qu’il nous faut réfléchir, ensemble, pour les actions à mener après le cyclone.
Car il y en aura d’autres. Nicole, puisqu’on en est à la lettre N, la petite sœur de Matthew, se prépare. Va-t-elle frapper Haïti ? Nous devons être prêts, pour qu’une telle tragédie ne se reproduise pas.
Camille Chatelain